Sondage intra isoloir
6 mai 2007Sur les 32 bulletins de vote ramassés ce matin 10h dans un des isoloirs de mon bureau de vote, restaient 25 bulletins “Ségolène Royal” et 7 bulletins “Nicolas Sarkozy”.
Ça fait peur quand même.
Sur les 32 bulletins de vote ramassés ce matin 10h dans un des isoloirs de mon bureau de vote, restaient 25 bulletins “Ségolène Royal” et 7 bulletins “Nicolas Sarkozy”.
Ça fait peur quand même.
Les derniers sondages sont affligeants mais le désespoir n’empêche pas de vivre.
A voir ici.
“Venez massivement aux urnes et venez faire mentir les sondages”
Ségolène Royal sur RTL
Sur RTL, Ségolène Royal a appelé les Français à voter massivement dimanche.“Venez massivement aux urnes et venez faire mentir les sondages”.
Interrogée par un journaliste sur ses projets en cas de défaite, elle a répondu : “Arrêtez de conditionner vos électeurs sans arrêt, arrêtez de vous laisser formater par les sondages, laissez les électeurs choisir !
J’espère que je vais gagner, je crois que les choses ne sont pas faites, il ne faut pas que les électeurs se laissent assommer par les sondages.
Moi, je leur demande d’abord de venir voter massivement et aussi de se révolter contre cette façon de faire qui consiste à dire que puisque les sondages ont parlé, les urnes ont parlé.
Il reste deux jours, il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer, les Français réfléchissent encore, il y a des gens encore indécis, des électeurs encore qui s’interrogent.
Dans la part d’électeurs qui se disent indécis ou hésitants, il y a là une marge de manoeuvre pour faire gagner la France et je veux que la France gagne avec les valeurs que je défends.
Aujourd’hui, je vous demande de vous mobiliser, d’ouvrir les yeux, de regarder la confrontation d’un projet contre un autre.
La France n’a pas besoin de plus de violence, de Français opposés les uns contre les autres, la France a besoin de se redresser en mobilisant ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain”.
et puis ici.
Appel d’Ariane Mnouchkine
Allez-vous vraiment faire ça ?
Alors, vous allez vraiment faire ça ?
Vous les plus purs que d’autres, les plus intelligents que d’autres, vous les plus subtils, vous les cohérents, vous les fins stratèges, vous allez faire ça ? Vous, les à qui on ne la fait plus, les durs du cuir, vous allez vraiment, en ne votant pas pour elle, voter pour lui ?
Vous allez vraiment faire ça ? Vous allez le faire ?
Vous, les vrais de vrais de la gauche vraie, vous allez faire ça ? Pour cinq ans ! Pour cinq ans, peut-être dix, vous allez faire ça ?
Vous, les toujours déçus de tout, vous les amers, les indécis décidés, les laves plus blancs que blanc vous allez faire ça ?
Mais pourquoi ? Parce que quoi ? Parce que jupe ? Parce que talons hauts ? Parce que voix ? Parce que sourire, cheveux, boucles d’oreilles ? Parce que vraie ?
Il n’y a rien qui vous aille dans son programme à elle, rien ? Pas cinquante propositions sur les cents ? Pas vingt ? Pas dix ? Pas une ? Vraiment, rien du tout ?
Trop de quoi ? Pas assez de quoi ?
Pas assez à gauche ? On voudrait, quitte à tout perdre, une campagne à gauche toute ?
Mais même l’extrême gauche, cette fois-ci, au deuxième tour ne joue plus à ce jeu-là. Peu importe, vous, vous allez y jouer ?
Le résultat du 21 avril 2002 ne suffit pas ? Non. On le refait en 2007, mais en mieux. Pas au premier tour, non, carrément au deuxième. C’est plus chic.
Que ceux qui ressemblent à Nicolas Sarkozy, ou qui croient qu’il leur ressemble, que ceux-là votent pour lui, quoi de plus normal. Que ceux qui lui font sincèrement confiance pour améliorer leurs dures vies, que ceux-là l’acclament et votent pour lui, quoi de plus normal. C’est même estimable.
Que les grands patrons votent Nicolas Sarkozy, pas tous d’ailleurs, loin s’en faut, non, mais par exemple les grands patrons de presse, qu’on a vu si nombreux, si heureux, à Bercy avant hier, qu’ils votent pour leur copain, qui va vraiment améliorer leurs belles vies, c’est moins estimable, mais quoi de plus normal ?
Mais vous, une respiration possible, un air nouveau, un espace de travail politique, une chance espiègle, ça ne vous dit rien ? Vraiment rien ? Mais qu’est-ce qui vous fait si peur ?
Les Italiens ont enfin chass’ Berlusconi, les Espagnols, après une grande douleur révélatrice, se sont débarrassés d’Aznar, et voilà que nous, à quelques milliers de voix près, nous allons repasser le plat de la droite dure ?
Il y a un pari à prendre contre une certitude sombre, et vous ne pariez pas ?
Quels désirs obscurs allez-vous satisfaire ? De qui donc, de quoi êtes-vous secrètement solidaires. Ce ne peut-être du bien de ceux qui ont besoin, vitalement, de mieux être. Vitalement. Maintenant.
Supporterez-vous dimanche soir d’apprendre qu’il a manqué une voix ? Une seule. La votre.
Je vous en supplie.
Ariane Mnouchkine
22 élèves x 12 contrôles = 264 copies (dont certaines sur plusieurs pages)
A l’avant veille de la rentrée, j’ai enfin terminé la correction des évaluations du deuxième trimestre.
Jeudi et vendredi, ont lieu les épreuves écrites du concours auxquelles j’aurais du me présenter si je n’avais pas été appelée. Je n’en reviens toujours pas de la chance que j’ai. Plus besoin de réviser, de faire des fiches, de m’entrainer pour le 1500m. Mon boulot est fatigant et stressant mais il ne me coupe pas l’appétit pendant des jours et des jours, il ne m’empêche pas de dormir (bien que je rêve souvent de ma classe), il ne me fait pas trembler comme une feuille, il ne me met pas une boule au ventre. Les corrections en deviennent presque agréables quand j’y pense.
J’espère que mes quelques amies d’iufm vont une fois pour toutes régler son compte à ce maudit concours.
Olivia a 10 ans. Elle est assez grande pour son âge. Un peu coquette, elle rechigne à mettre ses lunettes parce qu’elle juge que ça ne fait pas beau. Il faut dire qu’elle est la seule fille de la classe a en porter, alors forcément…
Elle était amoureuse d’Aurélien C. pendant longtemps, mais dernièrement, elle a opté pour le sombre Maxime. Aux dernières nouvelles, elle ne l’aime plus, mais le vent peut encore tourner.
Olivia ne travaille pas en classe. Elle rêvasse. A quoi peut-elle bien penser pendant ces longues heures d’oisiveté ? Peut-être à ses parents ? Olivia vit en famille d’accueil. Elle ne voit sa maman qu’un week-end sur deux et son papa moins souvent encore. Et puis, suite à des problèmes d’attouchements sexuels par son grand frère (dont j’ignore l’âge), les visites sont organisées de façon à ce qu’elle ne le rencontre pas.
Alors oui, Olivia ne travaille pas en classe. Les leçons ne l’intéressent pas. Elle ne fait pas le travail demandé ou alors elle le bacle. Et puis, elle bavarde, elle se retourne, elle envoie des mots à ses copines pour leur demander si elles sont toujours ses copines et si elles causent à Machine et pas à Bidule. De plus, elle n’a rien trouvé de mieux que de s’acoquiner avec Ghislaine, la souillon des cm1.
Olivia aurait besoin qu’on la tire vers le haut. Malheureusement, ni sa famille, ni la classe n’en sont capables. Et je doute que son arrivée au collège n’arrange les choses.
Nous nous sommes mis en route dès la fin de la classe. Tant pis pour mes cahiers du jour, je les corrigerai plus tard.
Environ 40 minutes de trajet, puis nous voilà coincés sur le boulevard. Embouteillage. 17h30, la mauvaise heure pour une traversée de la ville. Nous voilà enfin devant Micropolis ; il est 18h, le début d’une longue attente…
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En 2002, j’ai connu le résultat du premier tour des présidentielles par le journal de 19h30 de la chaine de télévision suisse TSR1 que je recevais chez mon père à cette époque. Bien sur, si les médias français sont tenus de ne rien dire dire jusqu’à l’heure fatidique, il n’en est pas de même pour les médias étrangers.
Ce qui me fait penser qu’avec le développement du net, ça va devenir vraiment compliqué, voire absurde, de maintenir cette obligation de silence. En effet, si en 2002 seuls les personnes vivants en zones frontalières pouvaient avoir accès aux médias étrangers, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En quelques clics, quelques soit votre lieu de résidence, vous voilà sur le site internet de la TSR. Vous n’aimez pas les médias télévisés et préférez l’écrit, pas de problème, vous voici en ligne directe avec les quotidiens Le Temps ou Le Matin. Vous n’aimez pas la Suisse, et accordez plus de confiance ànos amis belges ? Voici pour vous Le Soir. Marre de l’Europe, alors lisez Aujourd’hui le Maroc ou de l’autre côté de l’Atlantique La Tribune, Le Devoir, et même The New York Times pour les anglophones.
Alors que leurs confrères étrangers vont commenter les résultats provisoires tout au long de la journée et que nous même auront accès à ces informations, les journalistes français vont devoir garder le silence jusqu’à 20h00.
Je me souviens la peine que j’ai eu pendant une demi-heure en 2002, à voir leur air abattu, répétant en boucle la seule information qu’ils avaient le droit de donner, le taux d’abstention record de ces élections autour de 40% - j’ai la folie des grandeurs parfois - 30%, se demandant à qui cela pouvait profiter et à qui cela pouvait nuire, interrogeant les hommes politiques déjà présents en plateau pour commenter cet incroyable chiffre, faisant le tour de leurs envoyés spéciaux dans les différents QG de campagne, celui de Le Pen festoyant déjà la victoire, analysant le pourquoi du comment tout en ne disant rien alors que tous savaient déjà.
Elle fut affreusement longue cette demi-heure là. Cette année, ça va carrément être ingérable. Je leur souhaite bien du courage.
(Billet dédié à tous les habitants de la Haute-Saône profonde qui vont voter extrême droite dimanche.)
Il y a beaucoup de monde dans la rue Pierre Charon
Il est 2 heures du mat’ le braquage a foiré
J’ai une balle dans le ventre une autre dans le poumon
J’ai vécu à Sarcelles j’crêve aux Champs ElysésJe vois la France entière du fond de mes ténèbres
Les charognards sont là la mort ne vient pas seule
J’ai la connerie humaine comme oraison funèbre
Le regard des curieux comme unique linceul“C’est bien fait pour ta gueule
Tu n’es qu’un p’tit salaud
On n’portera pas le deuil
C’est bien fait pour ta peau”Le boulanger du coin a quitté ses fourneaux
Pour s’en venir cracher sur mon corps déjà froid
Il dit “J’suis pas raciste mais quand même les bicots
Chaque fois qu’y a un sale coups ben y faut qu’ils en soient”“Moi Monsieur j’vous signale que j’ai fait l’Indochine”
Dit un ancien para à quelques arrivistes
Ces mecs c’est d’la racaille c’est pire que les Vietmins
Faut les descendre d’abord et discuter ensuite“C’est bien fait pour ta gueule
Tu n’es qu’un p’tit salaud
On n’portera pas le deuil
C’est bien fait pour ta peau”Les loubards qui sont là vont s’faire lincher surement
S’ ils continuent à dire que les flics assassinent
Qu’on est un être humain même si on est truand
Et que ma mise à mort n’a rien de légitime“Et s’ils prenaient ta mère comme otage ou ton frère”
Dit un père béret basque à un jeune blouson de cuir
“Et si c’était ton fils qu’était couché par terre
Le nez dans sa misère” répond le jeune pour finir“C’est bien fait pour ta gueule
Tu n’es qu’un p’tit salaud
On n’portera pas le deuil
C’est bien fait pour ta peau”Et Monsieur blanc cassis continue son délire
Convaincu que déjà mon âme est chez le diable
Que ma mort fut trop douce que je méritais pire
J’espère bien qu’en enfer je r’trouverai ces minablesJe n’suis pas un héros j’ai eu c’que j’méritais
Je ne suis pas à plaindre j’ai presque de la chance
Quand je pense à mon pote qui lui n’est que blessé
Il va finir ses jours à l’ombre d’une potence“C’est bien fait pour sa gueule
Ce n’est qu’un p’tit salaud
On n’portera pas le deuil
C’est bien fait pour sa peau”Elle n’a pas 17 ans cette fille qui pleure
En pensant qu’à ses pieds il y a un homme mort
Qu’il soit flic ou truand elle s’en fout sa pudeur
Comme ses quelques larmes me réchauffent le corpsIl y a beaucoup de monde dans la rue Pierre Charon
Il est 2 heures du mat’ mon sang coule au ruisseau
C’est le sang d’un voyou qui rêvait de millions
J’ai des millions d’étoiles au fond de mon caveau
J’ai des millions d’étoiles au fond de mon caveau
Paroles et Musique: Renaud Séchan, Laisse Béton, 1977
J’ai beaucoup entendu mes élèves parler des présidentielles.
J’ai entendu un “votez Le Pen !” crié dans le couloir dès le matin en entrant en classe.
J’ai entendu une fois “Ségolène, mon tonton, y l’aime pas” en sortant en récréation.
J’ai entendu “mon papa y vote José Bové parce qu’y z’ont la même moustache” en classe.
J’ai entendu des “votez pas Le Pen, les gars !” dans le couloir à la sortie de 16h30.
Surtout, j’ai entendu beaucoup de “Sarkozy par-ci”, de “Sarkozy par-là”, de “Sarkozy a fait-ci”, de “Sarkozy a fait-ça”.
Qui a dit que la jeunesse ne s’intéressait pas à la politique ?
Douze candidats cette année, dont quatre autour de 20%, soit (selon les sondages) environ 80% des suffrages. Parmi ces quatre là, un de gauche, deux de droite, un d’extrême droite. Après la débacle de 2002, ça se confirme : la France est majoritairement de droite.
A une semaine du premier tour, voici mes résolutions présidentielles :
Parce que je suis en vacances et parce que j’avais envie, j’ai décidé de changer. Mais j’avais surtout envie d’un changement radical. Que ça pique les yeux, que ça choque la vision, qu’on se demande où on a atterrit. Surtout, j’en avais marre de ce thème un peu trop gentillet, un peu trop consensuel, un peu trop bleu et donc un peu trop de droite (voir ici). Dans mon pseudo comme dans la vie, je suis plutôt rouge moi, si vous voyez ce que je veux dire.
Et changement de titre aussi. Parce que mon Omegachounet ne se montre pas des plus coopératifs, inutile d’appeler ça “journal pour deux”. Et comme je ne sais pas encore comment appeler ça, on se contentera de ce titre du moment.
Changement dans le fond aussi peut-être. Parce que dans un premier temps, je n’ai pas trop voulu évoquer ma nouvelle profitude. Il faut dire que j’ai eu quelques soucis lors de ma prise de fonction. Du coup, j’ai pensé qu’il valait mieux faire profil bas, ne pas en rajouter. Mais bon, à la réflexion, le temps passant, je pense finalement que je peux me lâcher.
Donc voilà.
PS : Je n’ai pas inventé ce thème moi-même comme vous pouvez vous en douter. Je l’ai trouvé tout prêt, emballé et tout, chez la lène. Merci beaucoup m’dam’.