Nous y étions
Nous nous sommes mis en route dès la fin de la classe. Tant pis pour mes cahiers du jour, je les corrigerai plus tard.
Environ 40 minutes de trajet, puis nous voilà coincés sur le boulevard. Embouteillage. 17h30, la mauvaise heure pour une traversée de la ville. Nous voilà enfin devant Micropolis ; il est 18h, le début d’une longue attente…
Les groupes sont plutôt disséminés, même s’il y a une agglutination au niveaux des portes. Beaucoup de jeunes. Des familles aussi, des enfants aux anciens. Il fait chaud. Le temps passe…
Un peu avant 19h, les portes s’ouvrent enfin. Bien sur, le temps d’entrer, les quelques (1000 ?) sièges sont déjà pris. Nous choisissons une place stratégique derrière les barrières protégeant un des deux rétroprojecteurs. Au moins, même si nous sommes loin de la scène, nous n’avons personne devant nous sur au moins trois mètres.
Une dame se place à mes côtés. La cinquantaine. Une socialiste. Ses commentaires avertis de militante de longue date ont éclairé une partie des discours. Il y a plus de monde ce soir qu’au meeting de Jospin en 2002. Et puis, elle se félicite de voir autant de jeunes, souhaitant que ce soit bon signe. Elle m’a aussi informée du nom du premier monsieur à prendre parole (vers 19h45), Denis Sommer, le secrétaire fédéral, que je ne connaissais pas.
Après un discours basique, un peu trop lecture de notes à mon gout, il donne la parole à Pierre Moscovici. Le public commence às’impatienter ; le plupart des personnes présentes ce soir sont venus spécialement pour voir la candidate. Ils n’ont cure de Moscovici (le connaissent-ils ?), ils ne sont venus que pour LA star. Heureusement arrive sur scène ce troisième personnage, le génial Vincent Peillon.
“Quel tribun !” s’exclamera ma voisine. “C’est ce qu’on appelle chauffer une salle !”
Il n’avait même pas de note. Et moi, émerveillée suis-je de voir et d’entendre pour la première fois de ma vie, de mes propres yeux et de mes propres oreilles, un discours si vif contre la droite. Impressionnant comme la foule devient effervescente après un discours pareil. Je n’en comprends que mieux le processus qui a amené la population de Paris à révolutionner en 1789, sous la houlette de l’orateur Camille Desmoulins.
C’est donc dans la joie et la bonne humeur que nous accueillons sur scène notre maire bien aimé (même si nous ne sommes pas de vrais Bisontins), Jean-Louis Fousseret. C’est que Besançon est une ville de gauche. Tout comme le Doubs et la Franche-Comté d’ailleurs. Et toc !
Sur ce, il fallait bien qu’elle finisse par arriver.
C’est chose faite à 20h45. Tonnerre d’applaudissements. Moi qui ai suivi toutes les interventions précédentes sur l’écran géant situé juste en face de moi, voilà que je cède à la ferveur populaire, en grimpant sur la barrière pour gagner 20 cm, me hissant sur la pointe des pieds et ainsi apercevoir entre les têtes la vraie, l’unique, la magnifique, la sublime (j’exagère ?), candidate socialiste. Elle devait être grosse comme le pouce vu à bout de bras. Les traits de son visage étaient indistincts, mais sa silhouette était reconnaissable entre mille.
Son discours a duré une heure. Elle a parlé de social, d’éducation, de politique internationale (car elle en parle, quoi qu’on en dise). Elle a attaqué l’autre, l’hypocrite, sa fausse compassion pour les salariés d’Airbus et sa fausse révolte contre les patrons qui se tirent avec la caisse. Elle l’a attaqué aussi sur ses propos génétiquement stupides et dangereux. Une belle occasion de se faire taper dessus qu’il nous a offert là, même si je n’en reviens toujours pas du peu de cas que les médias font de ce genre de boulettes surtout quand on sait le plat qui a été fait partout de la désormais célèbre bravitude. Enfin bref.
Mieux que des longs discours (comment ça trop tard ?), les vidéos parlent d’elles-même. Voici donc.
A la fin du meeting, j’ai senti ma voisine s’éloigner. Je me suis retournée et nous nous sommes échangé un dernier regard et un dernier sourire. Nous ne retrouverons sans doute que dans les urnes.
Ces vidéos et ces photos ont été découvertes sur le site de Daniel Aime.