La grève
Jeudi 20 novembre2008J’ai toujours été pro-grève. Du genre à penser que ceux qui ne font pas grève sont des moutons, des faibles ou des couards. Et jusque-là, je ne m’étais pas posé plus de questions de ça. Et puis comme je n’étais pas titulaire, je n’étais de toute façon pas concernée.
Tout a changé depuis septembre. Ma collègue m’a informée qu’elle serait gréviste. Du coup, j’ai commencé à y réfléchir. Ferais-je grève ? Le simple fait de poser la question était étonnant en soi : je n’étais donc pas sure de faire grève.
En fait, je crois que je ne voulais pas être un cliché. Comme ça, après deux mois de titularisation, je fais déjà grève ? Je suis déjà mécontente ? Si je fais grève, le fais-je par conviction ou parce que c’est ce qui se fait ? Et puis, faire grève pour dire qu’on n’est pas content, c’est bien, mais qu’est-ce que ça change finalement ? A cet état de mes réflexions, j’étais tombée dans le “à-quoi-bonisme” le plus profond et j’étais à deux doigts de jeter l’éponge…
Et puis, je me suis confrontée à la réalité du terrain. J’ai constaté les difficultés qu’on rencontre lorsqu’il n’y a pas d’enseignant spécialisé vers qui se tourner en cas de difficulté. L’idée que cette situation particulière devienne la règle générale l’an prochain est insupportable.
Sans parler du manque d’effectif ; lorsque ma collègue s’est absentée pour une semaine, elle n’a été remplacé qu’une demi-journée. Des postes étant restés vacants à l’issu du 4e mouvement, ils sont occupés par des listes complémentaires ou par des remplaçants, qui du coup, ne sont plus remplaçants, mais nommés à l’année sur une classe. Pour combler (en partie) le manque de remplaçants, on réquisitionne du coup les intervenants en langue vivante. Tout est affaire de priorité : l’enseignement des langues vivantes est obligatoire, puisqu’inscrit dans les programmes, sauf en cas de manque de remplaçants. Un remplacement en maternelle sera assuré sauf si dans le même temps, on a besoin d’un remplaçant en élémentaire. Bien sur, on mettra toujours des remplaçants en priorité là où les parents sont les plus protestataires. Et on parle maintenant de faire assurer les remplacement par des vacataires…
Bref, oui, je fais finalement grève. Non pas que je pense que les choses puissent changer. Mais ça me ferait mal de ne pas protester, de ne rien dire, finalement, d’acquiescer.