Archive pour décembre 2006

Justin, justice

Vendredi 29 décembre2006

D’abord, elle m’a quitté. Ca a été très difficile à vivre. Nous étions ensemble depuis six ans et je l’aimais toujours. J’ai eu si mal. Nous projetions de nous marier. Et puis, Justin n’avait pas encore quatre ans. Je ne comprenais pas pourquoi. Je n’acceptais pas. Je m’en voulais. C’était sans doute de ma faute. Je n’avais pas su faire en sorte qu’elle m’aime. Rien n’allait plus…

Et puis, il a fallu régler tout cela de manière administrative. Pas de divorce, nous n’étions que concubins. Mais la situation de Justin devait être normalisée. Pas de souci entre nous. Bien entendu, la garde serait partagée. Sauf que…

Sauf qu’elle a subitement changé d’avis. Sans me prévenir, elle a déménagé à l’autre bout du département et a inscrit Juju dans une école de son nouveau village. Elle lui avait même cherché une nourrice. Et elle a réclamé sa garde. Le tribunal a jugé que la distance nous séparant était trop importante pour une garde alternée.

Comment aurais-je pu gagner ? Dans ce genre de situation, le père ne gagne jamais, à moins d’un manquement grave de la mère. Ce qui est passablement inacceptable d’ailleurs. En cas de séparation, les pères n’ont quasiment aucun droit sur leurs enfants. Nous devons nous soumettre à la décision arbitraire d’un tribunal qui donne presque toujours raison à la mère.

Mais pour dire la vérité, j’aurais pu gagner. Car c’est elle qui avait quitté le domicile. Elle était partie, mais elle m’avait laissé Justin. Si j’avais usé de cet argument, la partie était gagnée. Mais voilà, trop niais que j’ai été, je n’avais pas imaginé qu’elle puisse refuser la garde alternée. Et ensuite, ça ne m’est tout simplement plus venu à l’esprit…

Elle a donc gagné. Logiquement. Pour elle, la garde. Pour moi, un week-end sur deux et une pension alimentaire à lui payer. En plus de la rupture, ça fait lourd à digérer. Encore qu’en ce qui concerne la rupture, je dois dire que je commençais à m’en remettre. Sa fourberie et ses manÅ“uvres en douce pour que je ne me doute de rien m’avaient stupéfait. Après tout ce qu’on avait vécu, me faire ça !

Il y a une autre chose que j’ai vite comprise. Parce qu’une fois la décision du tribunal rendue, elle a déménagé, mais pour revenir cette fois-ci. Et elle m’a emmené Justin, de temps en temps, hors de mes week-ends. J’étais content. J’aime tellement l’avoir avec moi. Et puis, elle me l’a emmené de plus en plus souvent, tant et si bien qu’aujourd’hui, c’est comme si j’avais sa garde.

Et j’ai compris. Ce n’est pas qu’elle me refusait la garde. Oh non, ça elle n’est pas contre. Bien au contraire, je pense même que ça l’arrange. C’est qu’elle voulait obtenir la pension alimentaire. Et ça me fait froid dans le dos d’imaginer qu’elle ait fait tout ça pour ça. Juste pour l’argent. Aujourd’hui, je n’ai pour elle que du dégout. Je ne garde de nos années ensemble que le bonheur d’avoir mon petit bonhomme, mon petit Justin, qui a maintenant sept ans.

Je pourrais peut-être retourner en justice pour faire sauter cette pension qu’on m’oblige à payer pour rien. Mais je n’irai pas. Parce que même si cette situation est absurde, je préfère payer et voir mon fils grandir que de le perdre définitivement. Et, parce que je le sais maintenant, la justice est profondément injuste.

Des esclaves libres

Jeudi 28 décembre2006

Extrait de l’émission de Jean-Marc Morandini du 7 novembre 2006 sur Europe 1, au cours d’un débat sur les émissions littéraires à la télé, opposant Michel Polac, Daniel Picouly et Frédéric Ferney.

Je crois que le problème aujourd’hui, c’est que les gens ne se sont jamais sentis aussi libres, et ils n’ont jamais été aussi esclaves. Parce que les gens vous disent aujourd’hui, “moi je vais voir le film que je veux, je lis le livre que je veux quand je veux”. Sauf que, on veut tous voir le même au même moment. Il n’y a pas de peuple plus libre que les peuples esclaves.

Frédéric Ferney

Je trouve cette analyse très juste. La poser ici me permettra de m’en souvenir.

Ma haine

Vendredi 22 décembre2006

Trois garçons, pouvant avoir entre 16 et 19 ans, à la sortie d’une lycée professionnel, alors que moi-même et ma collègue sortons de l’école dans laquelle nous étions en stage.

Eux : Vous auriez pas du feu ?

Nous : Euh, non, on ne fume pas.

Quelques mètres plus loin.

Eux : Ehhh ! Tu suces ?

Nous : Mais oui, dans tes rêves !

Eux : Saloooope ! (rires)

C’était en février dernier, un moment de ma vie merveilleuse.

La noyade

Mardi 19 décembre2006

Citation :

Il y a deux facteurs expliquant la chute démographique de la population amérindienne au XVIe siècle : un fort taux de mortalité et un faible taux de natation.

(c’est de moi)

La poisse

Jeudi 7 décembre2006

Après ça, comment croire que je ne suis pas maudite ?

Mardi, je n’ai eu que quatre heures de cours au lieu de deux. Du coup, ma journée s’est terminée à 15h30. Rapide coup d’oeil aux horaires de bus : chic alors, un bus part de Vesoul pour Besançon à 16h15. Il suffit que j’arrive à la gare à temps, ce qui est largement faisable puisque le bus allant de l’iufm à la gare passe à 15h51. Dès lors, je n’ai qu’un seul soucis : patienter en attendant que mon bus arrive.

Il est une loi qui se vérifie systématiquement lorsque vous prenez le bus. Si vous arrivez en avance, il a toujours cinq minutes de retard ; mais si vous arrivez en retard, ne serait-ce que d’une minute à peine, vous êtes certains de le louper.

Forte de cette expérience, et sachant que je déteste attendre, je discutaille avec mes camarades de classe sur le parking de l’iufm, tout en jetant de fréquents regards sur ma montre. Je vais jusqu’à leur demander de patienter encore cinq minutes lorsqu’à 15h40 elles envisagent de se rendre à la bibliothèque, ce qu’elles acceptent en rigolant. Et puis, à 15h46, j’estime qu’il est temps d’y aller.

“Au revoir les filles, à jeudi. Oui je sais, tu travailles jeudi matin, mais tu peux me ramener jeudi soir. D’accord, on se tient au courant. On s’appelle. Et bla bla, et bla bla.”

Je sors du parking, me retrouve devant l’iufm, face à la route. Et là… le bus me passe sous le nez.

Je ne peux pas dénombrer le nombre de fois où j’ai vu un bus me passer sous le nez, mais cette fois, c’était vraiment le comble ! Mon premier réflexe, regarder ma montre. Il n’était que 15h49. Je n’étais absolument pas en retard. Bien sur, si je n’avais pas papoté un quart d’heure, je n’aurais pas raté le bus, mais je ne pouvais pas prévoir que celui-ci serait en avance ce coup-ci. Pour une fois que j’avais réussi à avoir un timing quasi parfait, voilà que le bus était en avance !

Je me suis donc retrouvée stupide au bord de la route, les bras ballants, me demandant que faire. Je n’ai même pas cherché à courir après le bus. Avec un angle entre nous, il n’y avait aucune chance pour que le chauffeur me voit. Si encore il s’était arrêté… mais non. Bref, j’ai dû prendre le bus de 17h15. Pour deux minutes d’avance, ce bus m’aura fait perdre une heure.

Ça m’enrage.
Pourquoi j’ai toujours la poisse ?
Pourquoi j’ai l’impression que ce genre de truc ne peut arriver qu’à moi ?
Et surtout, pourquoi suis-je arrivée Xe sur cette fichue liste complémentaire ?