Absurde silence
En 2002, j’ai connu le résultat du premier tour des présidentielles par le journal de 19h30 de la chaine de télévision suisse TSR1 que je recevais chez mon père à cette époque. Bien sur, si les médias français sont tenus de ne rien dire dire jusqu’à l’heure fatidique, il n’en est pas de même pour les médias étrangers.
Ce qui me fait penser qu’avec le développement du net, ça va devenir vraiment compliqué, voire absurde, de maintenir cette obligation de silence. En effet, si en 2002 seuls les personnes vivants en zones frontalières pouvaient avoir accès aux médias étrangers, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En quelques clics, quelques soit votre lieu de résidence, vous voilà sur le site internet de la TSR. Vous n’aimez pas les médias télévisés et préférez l’écrit, pas de problème, vous voici en ligne directe avec les quotidiens Le Temps ou Le Matin. Vous n’aimez pas la Suisse, et accordez plus de confiance ànos amis belges ? Voici pour vous Le Soir. Marre de l’Europe, alors lisez Aujourd’hui le Maroc ou de l’autre côté de l’Atlantique La Tribune, Le Devoir, et même The New York Times pour les anglophones.
Alors que leurs confrères étrangers vont commenter les résultats provisoires tout au long de la journée et que nous même auront accès à ces informations, les journalistes français vont devoir garder le silence jusqu’à 20h00.
Je me souviens la peine que j’ai eu pendant une demi-heure en 2002, à voir leur air abattu, répétant en boucle la seule information qu’ils avaient le droit de donner, le taux d’abstention record de ces élections autour de 40% - j’ai la folie des grandeurs parfois - 30%, se demandant à qui cela pouvait profiter et à qui cela pouvait nuire, interrogeant les hommes politiques déjà présents en plateau pour commenter cet incroyable chiffre, faisant le tour de leurs envoyés spéciaux dans les différents QG de campagne, celui de Le Pen festoyant déjà la victoire, analysant le pourquoi du comment tout en ne disant rien alors que tous savaient déjà.
Elle fut affreusement longue cette demi-heure là. Cette année, ça va carrément être ingérable. Je leur souhaite bien du courage.