Ma vie avec les chimpanzés


Ecrit par Jane Goodall.
Publié en 1988.
Titre Original : My Live With The Chimpanzees.
Traduction de Florence Seyvos.
190 pages

Commentaires :
J’avais emprunté ce livre car j’avais pensé pouvoir l’intégrer à mon dossier de littérature de jeunesse dans une mise en réseau avec L’œil du loup, sur le thème de l’Afrique. J’ai finalement abandonné cette idée. Car Ma vie avec les chimpanzés n’est pas un roman mais un récit à mi chemin entre l’autobiographie et le documentaire. Ecrit pour les enfants, à la première personne, il est agréable et facile à lire. On y découvre les chimpanzés, créatures fascinantes par leur intelligence quasi humaine.
Je me suis mise à rêver après avoir terminé la lecture de ce livre ; est-il possible que le processus qui a fait passer l’homme de l’état animal à l’état humain se reproduisent avec les chimpanzés ? Ce serait à la fois fantastique et effroyable. Une espèce intelligente rivale ! Nous ne lui laisserions aucune chance. Il vaut sans doute mieux, pour leur propre sécurité, que les animaux n’évoluent pas trop.

RésumÃé :
Déjà lorsqu’elle était enfant, Jane Goodall était très curieuse. Passionné par les animaux, elle passait son temps à les observer. Elle avait dévoré L’histoire du Dr Doolittle de Hugh Lofting, Le livre de la jungle de Rudyard Kipling, ainsi que les histoires de “Tarzan” d’Edgar Rice Burroughs. Elle rêvait d’aller en Afrique pour voir de ses propres yeux les animaux fabuleux qu’elle rencontrait dans les livres et pour travailler avec eux. Les parents d’une amie partis vivre au Kenya lui en donnèrent l’occasion. Après quelques mois passés à faire des économies, elle embarqua pour son premier voyage en Afrique. Là -bas, elle rencontra Louis Leakey, paléontologue, qu’elle parvint à impressionner par son enthousiasme et sa connaissance des animaux, et qui l’embaucha immédiatement pour travailler à ses côtés. Il finit par lui proposer d’étudier les chimpanzés, pensant que cela l’aiderait, lui, à comprendre le mode de vie des hommes préhistoriques. Voilà que son rêve se réalisait !

Arrivée dans la forêt de Gombe, elle dut d’abord se faire accepter des chimpanzés. En effet, au début, ils ne se laissèrent pas approcher de cette étrangère venue s’installer sur leur terre. Il lui fallut donc faire preuve d’une grande patience. Elle les observait de loin, prenant des notes sur leur comportement, leurs habitudes. Petit-à -petit, les chimpanzés commencèrent à s’habituer à cette présence. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux vint au sein même du camp de la jeune femme pour s’alimenter. Elle gagna sa confiance en lui offrant des bananes. Les autres chimpanzés comprirent alors à leur tour qu’elle ne représentait aucun danger et la laissèrent donc s’approcher un peu plus. Ainsi, elle parvint à les observer de plus près et même à en reconnaître certains. Elle découvrit que les chimpanzés étaient capables de fabriquer des outils. Elle découvrit aussi qu’ils avaient tous leur propre personnalité, et parfois des comportement très humains, tel celui de Flint, l’avant-dernier né de la vieille Flo.

En 1964, quand Flint est né, Flo dirigeait toutes les autres femelles de sa communauté. Et malgré son âge avancé - les chimpanzés dépassent rarement les cinquante ans et Flo en avait trente-cinq - elle prenait toujours la défense de Flint avec beaucoup de détermination si jamais il était menacé. Le reste de la famille - en particulier Fifi, mais aussi Figan et Faben qui était adulte - veillait également à la protection du petit Flint. Il en devint presque arrogant. Il lui arrivait de narguer ou même de menacer des chimpanzés vieux et plus forts que lui, sachant pertinemment plus que, s’il risquait des représailles, sa mère, sa sÅ“ur ou l’un de ses frères volerait à son secours. A l’âge de quatre ans, Flint était le parfait exemple de l’enfant gâté.

C’est alors que les choses commencèrent à mal tourner pour lui : Flo voulut le sevrer. Elle se mit à le repousser systématiquement lorsqu’il essayait de téter. Quand il sautait sur son dos pendant les promenades, elle le faisait basculer. Beaucoup de jeunes deviennent irritables pendant le sevrage. Ils ont fréquemment des crises de nerfs durant lesquelles ils s’agitant en tous sens et crient jusqu’à s’en étrangler. Flint, qui avait été trop gâté, se mit à piquer de terribles crises de colère. Il lui arriva même de mordre ou de taper sa mère. Il se montra si violant, et si acharné, que Flo n’était toujours pas parvenue à le sevrer lorsqu’elle mit au monde un autre petit.

La plupart des jeunes chimpanzés commencent à faire leur lit seuls, à part, lorsqu’ils ont un nouveau petit frère ou petite sÅ“ur. Mais Flint s’obstina à dormir avec sa mère et sa petite sÅ“ur Flame. Lorsque Flo l’en empêchait, il se lamentait jusqu’à ce qu’elle cède. Flint s’obstina également à rester sur le dos de sa mère, même si la petite Flame se tenait déjà sous son ventre. Comme Flo était avant tout attentive à son nouveau bébé, Flint devenait de plus en plus irritable car il se sentait frustré. Il se conduisait exactement comme un enfant humain jaloux. Il allait jusqu’à vouloir téter sa mère en même temps que sa sÅ“ur le faisait. Et lorsque Flo le repoussait - car de toute façon elle n’avait pas assez de lait pour lui - il piquait de nouveau une crise de colère. Quand Flo caressait son bébé, Flint lui prenait souvent les mains et lui demandait de le caresser, lui.

Un jour, j’ai trouvé Flo étendue sur le sol. Elle était très malade. La petite Flame avait disparu et nous n’avons jamais su ce qu’il lui était arrivé. A notre grand soulagement, Flo guérit. Ayant de nouveau sa maman pour lui seul, Flint retrouva vite un comportement normal. Mais il continuait à partager le lit de Flo, à voyager sur son dos, et lui réclamait sans cesse des caresses. Et la pauvre Flo finissait toujours par lui céder.

Tout jeune chimpanzé normal âgé de huit ans aurait commencé à s’éloigner de sa mère pour rejoindre les mâles adultes surtout avec un frère plus âgé pouvant prendre soin de lui, or Flint en avait deux mais Flint n’était pas comme les autres. Il restait désespérément dépendant de sa mère. Flo, quand à elle, avait l’air de plus en plus âgée. Elle n’avait presque plus de dents, ses poils étaient clairsemés et avaient perdu leur noir luisant, elle ressemblait à une petite vieille dame, frêle et courbée. Lorsque Flint essayait de monter sur son dos, elle s’effondrait sur le sol. Flint dut donc se décider à marcher. Mais il continua à dormir avec elle. Comme elle était devenue trop faible pour suivre les autres chimpanzés, Flint et elle erraient presque toujours seuls.

Quand Flo mourut en 1972, ce fut pour moi un jour très triste. Je la connaissait depuis si longtemps. Elle mourut en traversant la rivière Kakombe, au cours rapide. Elle semblait parfaitement sereine. C’était comme si, brusquement, son vieux cÅ“ur s’était arrêté de battre. Je me rappelle être restée longtemps agenouillée près d’elle, à la regarder. Je savais que je venais de perdre une amie très chère, et que rien à Gombe ne serait pareil désormais.

Pour Flint, la mort de sa mère fut un choc terrible dont il ne se remit pas. En la perdant, il perdait tout. Il s’assit, misérable, sur la rive près du corps de Flo, en poussant de petits gémissements. De temps en temps, il se baissait, l’inspectait, à la recherche d’un signe de vie. Il ne la quittait pas des yeux, et parfois même lui pressait une main entre les siennes pour la supplier de le caresse et de le réconforter comme elle l’avait toujours fait. Mais Flo ne bougeait pas. Son corps lourd et froid gisait sur la rive. Flint finit par s’en aller. Il devint dépressif. Il ne mangeait plus rien et se tenait presque toujours à l’écart. Il tomba bientôt malade. Cela arrive très souvent lorsqu’on est malheureux, car alors les défenses du corps contre les maladies sont beaucoup plus faibles.

Cette maladie eut raison du pauvre Flint. Nous avions pourtant essayé de l’aider de toutes nos forces. Nous lui avions sans cesse apporté à manger, et nous avions passé beaucoup de temps auprès de lui, pour qu’il se sente moins seul. Mais en fait, rien ne semblait pouvoir l’aider, et Flint mourut un mois après sa mère. Parce qu’elle avait été trop agée pour l’obliger a devenir indépendant, Flint, semble-t-il, n’avait pas été capable de faire face à la vie sans sa mère.

Devenue éthologue suite à cette étude, Jane Goodall est restée en Afrique pour étudier les primates. Elle a dirigé un centre de recherche en Tanzanie puis s’est attaché à améliorer la condition des singes dans les zoos et dans la recherche médicale.

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